Demain sera rendu public le nouveau protocole sanitaire fixant les conditions du retour obligatoire à l’école. Je n’ai bien évidemment aucune confidence particulière de JM Blanquer ni aucun pouvoir divinatoire.
Je vais pourtant me plier à l’exercice risqué d’écrire ce que contiendra ce document, au risque d’être démenti comme le sont au passage tant d’experts professionnels.
Il n’y aura aucun protocole sanitaire. On publiera bien une vingtaine de pages détaillant chaque problématique mais sans la moindre exigence sérieuse. Le nombre d’élèves par classe ne comportera aucune limite, la restauration scolaire reviendra à remplir les cantines autant que faire se peut et les parents pourront même joyeusement fêter la fin d’année dans une joyeuse kermesse qui permettra de se féliciter du travail accompli dans une allégresse retrouvée.
De nouvelles règles de distanciation seront annoncées, qui mesureront le centre de gravité de l’enfant en fonction de l’écartement des bras rapportés au tour de tête mais qui permettront miraculeusement d’éviter tout problème majeur d’effectif. Le port du masque deviendra quasi volontaire alors que le lavage des mains sera toujours l’objet de toutes les attentions réaffirmant une dimension hygiéniste de l’école. Les transports scolaires seront rétablis sans aucune pratique d’alternance de siège, à la manière de la SNCF ou des compagnies aériennes. Les cours de récréation retrouveront pratique du loup et jeux de balle de même que les équipements ludiques seront de nouveau accessibles. Le « brassage » sera contrôlé dans la procédure et incontrôlable dans la réalité.
Cet assouplissement qu’on nous vendra mériterait le nom de suppression. Ce qui ne serait pas choquant. Qui ne se féliciterait pas de se passer des règles absurdes et néfastes ?
Au détail près que vous n’aurez aucun argument vous démontrant leur inutilité, pas plus que les mêmes vous ont expliqué de quoi elles vous protégeaient hier.
Voilà mon cadre général.
J ‘ajoute que très rapidement les bienfaits de ce retour à l’école vont se faire voir : non seulement nous visionnerons des enfants heureux et épanouis, mais en à peine huit jours de classe on constatera des progrès fulgurants des mêmes enfants qui après deux ballades buissonnières auront rattrapé ces quelques mois difficiles et même plusieurs décennies de désinstruction nationale. Il sera alors temps de tout refermer et de nous retrouver en Septembre avec les mêmes dispositions, sans savoir encore si les heures de pétanque, zumba et courses de trottinettes seront désormais prises sur temps scolaire par les 2s2c blanqueriennes, résurrection des défuntes TAP.
A ce tableau manque la dernière touche relative au caractère obligatoire de ce retour.
Nous venons de connaître les manifestations interdites mais tolérées, connaîtrons-nous dans les faits une école obligatoire facultative ?
Je suis très curieux de la suite des événements. On peut croire que si on a tenu à réaffirmer le caractère obligatoire de ce retour, c’est au moins pour se donner les apparences de faire respecter cette obligation. On a déjà connu l’appel au voisin pour inciter, un petit effort supplémentaire lui sera t-il demandé ?
Le ton de l’école de la bienveillance sera nécessairement celui de la menace. Mais jusqu’où dans les faits ? Humainement ce sera une période intéressante à vivre. En votre âme et conscience, engageriez-vous des procédures vis à vis de parents apeurés, la plupart du temps ayant déjà vécu pas mal de difficultés ? Vous pouvez choisir l’autorité de la loi, ou pas.
J’ai toujours pensé que les épreuves révélaient les vrais caractères.