Il m’arrive de ne plus rien comprendre à la statistique et au sens des mots quand on vient à parler d’effet significatif.
Une étude chiffrée vient de sortir sur l’impact du dédoublement des classes de CP,étude disponible sur le site même du Ministère. Elle concerne la mesure phare de la politique de Blanquer, une mesure qui rencontre un écho disons favorable dans tous les milieux et dont le gouvernement s’enorgueillit : parents, enseignants, élèves. Un bon sens apparent qui veut qu’à 12 dans une classe on doit forcément mieux apprendre qu’à 24.
Alors que la critique est générale en matière d’éducation, il faut quand même bien chercher pour trouver une voix qui remettrait en cause cette mesure. Mais est-ce que cela sert véritablement à quelque chose ?
Un indicateur de réussite est mis en avant : l’effet d’une politique de réduction de la taille des classes est mesuré en pourcentage d’écart-type de score, c’est-à-dire en termes de différence de score moyen entre le groupe témoin et le groupe de référence, rapportée à l’unité du score (son écart-type). Ceci permet de rendre comparable les différentes mesures de performance.
Je vais donc faire un peu plus simple en traduisant en langue CE2 la question mathématique.
24000 élèves sont en très grande difficulté en début d’année. 2000 ne le sont plus en fin d’année. Combien reste-t-il d’élèves en très grande difficulté ? 24000 -2000 ? Soit 22000.
Question bac philo : trouvez-vous l’effet très significatif ?
J’ai quand même dans l’idée qu’il va falloir sortir une autre artillerie pour ne pas laisser un nombre toujours impressionnant d’enfants sur la route dès le CP. Tout ça pour ça … Il faudrait aussi que quelqu’un m’explique pourquoi tant d’enfants sont en Très Grande Difficulté avant même d’avoir commencé à faire quelque chose !
Impact du dédoublement sur les compétences des élèves durant l’année 2017-20181
L’évaluation de l’impact du dédoublement sur les compétences des élèves indique que l’effet est de 8% d’écart-type en français et de 13% en mathématiques, en faveur des élèves de REP+, par rapport au groupe témoin.
Cet effet est donc statistiquement très significatif : les élèves de classes dédoublées ont en fin de CP des résultats supérieurs aux élèves issus de classes ayant des caractéristiques similaires mais n’ayant pas étudié dans des classes de taille réduite. Cet effet se vérifie en particulier pour les élèves en très grande difficulté:-sur les 60.000 élèves scolarisés en CP REP+ l’année dernière, 40% étaient en très grande difficulté en mathématiques et en français soit 24000 élèves;
Le dispositif permet une baisse de cette proportion d’élèves en très grande difficulté de 7,8% pour le français et de 12,5% en mathématiques;Ainsi, au terme de la première année,sur les 24000 élèves en très grande difficulté, il y a:
-2000 élèves de moins en très grande difficulté en français
-3000 élèves de moins en très grande difficulté en mathématiquesLa mobilisation des données des évaluations nationales de CP et de CE1 va en outre permettre de compléter ces résultats.
Etude sur l’impact du dédoublement des classes Pdf 422Ko