A quoi sert vraiment la réunion parents d’élèves ?
Dans les premières semaines de Septembre se tiennent dans toutes nos écoles des milliers de réunions de parents d’élèves. Occasion unique de rencontrer le professeur de son enfant en primaire, cette réunion sert-elle véritablement à quelque chose?
Je n’en attends malheureusement pas grand-chose comme parent d’un élève de CM1, quel que soit le soin que l’enseignant voudra bien consacrer à cet exercice.
Pour que les parents et professeurs travaillent efficacement ensemble, il faudrait plus d’une heure de réunion !
La première critique que je porte à cet exercice est le format. Basé sur un concept proche de la grand messe, – et n’y voyez aucune atteinte au principe de laïcité – le premier élément à charge est d’abord de s’appeler LA réunion parents d’élèves. Qui peut croire qu’en 90 minutes une trentaine de cas les plus divers pourrait harmoniser une conduite efficace pour un sujet aussi complexe que l’éducation de son enfant ? Organisez déjà une réunion de copropriétaires sur l’épineuse question de la couleur à choisir du futur hall d’entrée et vous obtiendrez une idée de l’avancée de la recherche du bien commun.
Dans le même temps, multiplier les réunions dans l’année ne ferait pas plus sens : n’y assisteraient que les plus motivés, la parole risquerait d’être monopolisée, l’enseignant devrait y consacrer un temps considérable pour un bénéfice qui serait pour le moins limité. La réunionite n’engendre guère l’efficacité. D’autant plus que pour parodier un slogan bien connu, la réunion de parents, c’est ceux qui en ont le moins besoin qui y participent le plus !
Regardons concrètement les objectifs assignés à cette réunion côté Éducation Nationale. Je ne vais reprendre qu’un seul objectif – l’épanouissement et la réussite des élèves. – et qu’une seule phrase:
Créer un moment d’échange, de compréhension et de confiance entre les parties de l’acte de coéducation
- un moment d’échange : 30 parents face à 1 enseignant, structurellement l’échange est biaisé.
- de compréhension : à la rigueur d’information, mais au fait qui doit comprendre quoi ?
- entre les parties de l’acte de coéducation : la coéducation n’existe pas dans les faits. La encore, si elle devait être mise en place, une seule réunion n’y suffirait jamais. Pour le moins, le projet d’école devrait recueillir les avis, être l’occasion d’une réflexion commune, c’est une affaire de mois, pour ne pas dire d’années.
Les réunions de parents d’élèves que j’ai connues étaient toutes sur le modèle suivant : présentation du programme, présentation de la classe et organisation de la journée et de l’année, questions diverses.
Sur le programme, je ne peux qu’écouter poliment ce que je connais.
Sur la classe, je me vois mal discuter de ce qui a déjà été décidé. Appelez cela liberté pédagogique, mais de toute manière cela ne servirait à rien. Si la pédagogie me semblait dangereuse, je retirerai sur le champ mon enfant de cet établissement, mais je n’ai à ce jour rencontré que des enseignants dignes de confiance.
Nous allons sans doute encore assister à un débat sur les devoirs à la maison qui va opposer des parents qui n’en veulent pas, sont trop « crevés » et vont faire un rappel à la loi, alors que les autres vont dire combien c’était mieux de leur temps et qu’il faut les faire travailler pour se préparer au collège …
La grande question porte sur ce que « parents et enseignants » allons faire ensemble. Ensemble, rien.
Si nous devions faire véritablement quelque chose « ensemble », il faudrait plus qu’une heure pour le définir. On peut appeler cela un projet d’école, évoquer la co-éducation. Mais cela n’a rien avoir avec une réunion de rentrée à laquelle n’assistera au fait quasiment aucun père, ne serait-ce que pour des raisons d’horaires.
Au final on remerciera chaleureusement les formidables parents qui contribuent courageusement à la réussite de la fête de la saucisse qui sert à financer la nouvelle saison de la classe de neige.
Ce modèle de la réunion parents d’élèves est dépassé : il est plus que temps de lui substituer d’abord une information papier de qualité qui résume tous les grands points et de fixer ensuite une réunion d’une quinzaine de minutes avec CHAQUE parent ET enfant qui vérifiera d’abord si les informations ont été bien comprises et permettra de fixer l’attention des parents sur quelques points à surveiller qui sont propres à SON enfant. Enfin, on veillera à se doter d’un système efficace de suivi et de dialogue qui permet de faire remonter les informations de chaque coté au moindre coût-temps.