Les profs parlent dans Télérama.La aussi le climat se dégraderait. Vu le côté marronnier des « incivilités » et autre violence à l’école, j’ai plutôt le sentiment qu’il se maintient depuis de nombreuses années. Et là aussi, les généralisations sont toujours dangereuses. Nos salles de classe seraient devenues des sortes de coupe-gorge où on entrerait la peur au ventre. J’attends la version actualisée de la dictée de l’histoire de l’art des arènes d’Arles ou les gladiateurs et autres bêtes féroces ont cédé la place à un professeur d’anglais face à une meute « d’apprenants ».
C’est bien la question de l’autorité qui est en cause, et je ne vois pas pourquoi l’éducation serait un monde à part de toute la société contemporaine. Comment ? Jojo le gilet jaune – comprenez le parent d’élève – voudrait se mêler d’éducation comme Mme Michu propose sur sa page Facebook une révision constitutionnelle ?
Dans un cas on va nous parler de mépris de classe, dans un autre ont déplorera le manque de déférence « dû » à un système.
Déférence pour les politiques, non. Pour les dirigeants d’entreprise, trois fois non. Bref pour à peu près tout sauf pour le monde enseignant. Après l’Express en son temps, le grand coupable est le parent d’élève « favorisé » s’intéressant à ce qu’on enseigne et qui fait périodiquement le coup de poing pour divergence sur l’application concrète du théorème d’Euclide.
« Dans les milieux défavorisés, on témoigne encore largement de la déférence pour l’équipe pédagogique à qui l’on confie son enfant, affirme Georges Fotinos, ancien inspecteur général de l’Éducation nationale.
Elle incarne (encore) l’espoir d’une ascension sociale pour l’un des siens. Dans les beaux quartiers, en revanche, vous n’imaginez pas le nombre de parents d’élèves qui considèrent qu’avec leurs diplômes ils ont leur mot à dire sur les programmes et la manière de les aborder… »
Et qui s’en vont, le fiston à la main, expliquer au prof d’histoire qu’il a une bien mauvaise façon d’aborder la chute de l’Empire romain. Faut-il le préciser : faire la leçon aux enseignants n’aide guère ces derniers à imposer leur autorité !
Une phrase typiquement EN, pas vraiment fausse, mais loin d’être vraie. Les milieux défavorisés en question ne sont pas ceux des années 50 ou l’école allait permettre de fuir l’usine. L’ascenseur social connaît les mêmes pannes que ceux installés dans les HLM : parfois ça marche, mais pas tout le temps.
Les vertus supposées du « milieu défavorisé » n’existent pas. On passe sous silence le multiplication de la violence physique de ces quartiers « défavorisés » pour mettre sur le même plan la supposée contestation de la chute de l’Empire Romain. Les « beaux quartiers » se moquent bien souvent de l’Empire Romain, et si l’enseignant est considéré comme une sous-merde c’est principalement par le rapport à l’argent, même rapport à l’argent qui existe dans ces magnifiques quartiers défavorisés et qui fait que ne pas porter un vêtement de marque suffit à vous déconsidérer malgré les cinq cents heures de civisme et de cours de respect.
Quand tout se juge à l’aune de l’argent dans une société, comment feindre la surprise ? Combien de jeunes Normaliens comme « idoles de la jeunesse » face à des chroniqueurs version télé-réalité ? C’est d’ailleurs ce qu’on lit souvent : revaloriser les salaires des enseignants car l’école ne paye pas. Dans tous les sens du terme.
Je rêve d’un monde ou les rapports professeurs-parents seraient conflictuels en raison de la vision de Thucydide développé en cours. Oui; j’aime parler avec mon fils – et le ferai encore plus dans les années qui viennent à mesure que son entendement grandira – de la chute de l’Empire Romain et j’espère bien que quelque chose me dérangera dans ce qu’on lui enseignera. Je n’irai pas souffleter l’enseignant, mais réfléchir sur les pré-supposés de son enseignement, aussi conforme aux exigences d’un programme national qu’il n’est pas vain de chercher à comprendre.
Je trouve le cahier d’histoire de mon fils de CE2 profondément triste. Pourquoi je le tairais à son enseignante ? Ce n’est pas une critique à son égard. Elle fait du mieux qu’elle peut avec les moyens dont elle dispose et conformément à des obligations qui lui sont aussi imposées. Mais ce collage de photocopies en noir et blanc à peine lisibles n’est pas à la hauteur de ce que j’aime dans l’Histoire.
Triste de voir que la semaine des Mathématiques ne donnera chez nous lieu à aucune manifestation ou participation ludique – c’est bien le thème de l’année – alors que tant de choses sont possibles. J’exagère si peu : on a prévu un tirage de loto avec achat de chips et compote pour financer la classe verte de l’école. Qui sait, on y parlera sans doute probabilité …