Il arrive que ce que je découvre dans nos cahiers colle à une actualité précise. J’ai tout naturellement pensé à cet article du journal Le Monde sur les « populaires » quand j’ai découvert son petit texte sur les « et alors » collé dans son cahier d’EMC.
(Au passage,comme je le ferai souvent sur ce blog, ceux qui sont intéressés par un article où un livre que je mentionne n’hésitez pas à me le demander en commentaire pour échange privé.)
Quelques extraits de l’article qui donnent le ton :
Dans les couloirs, quand un « bolos » passe, les populaires lui disent « Va te rhabiller ! », « Va te racheter des chaussures ! ». Il y en a même qui leur crachent dessus. Des fois, ça peut y aller vraiment fort… La personne en face se met à pleurer. J’ai vu une fille se cacher aux toilettes pour pleurer parce qu’on se moquait d’elle. Y en a, ils ont carrément
peur d’aller au collège, genre les premiers de la classe, les fayots, les « perchés ». Des fois, je dis « Arrêtez,ça se fait pas ! », mais c’est pas pour autant que mes amies m’écoutent.Pour se sentir valorisées, aimées,elles rabaissent les autres. C’est la génération qui est comme ça.Océane, 15 ans, 2 de , dans un lycée des Hauts-de-Seine
Simple, basique,populaire.A l’école,la réputation passe avant le bulletin.Drôles, cruels,stylés,les « populaires »assoient leur notoriété sur la crainte qu’ils inspirent.Les « normaux »n’ont qu’a bien se tenir.
Les réseaux sociaux ont bon dos.L’inquiétude des parents, eux-mêmes ultra-connectés, alimente le phénomène, a compris Emmanuelle Piquet. Leur enfant saura-t-il développer ses capacités relationnelles ? « A Noël déjà, dit-elle, en grande section de maternelle, certains de-mandent à la maîtresse combien d’anniversaires il y a eu dans la classe. En fonction de ça, et du nombre d’invitations reçues, ils évaluent la popularité de leur enfant ! » La psychothérapeute s’interroge
sur cette nouvelle injonction des parents,cette idée que leurs enfants ne peuvent réussir sans cette capacité à être aimé, à se constituer un réseau. « Ils ne leur demandent pas seulement de bien s’entendre avec les autres, mais d’être leaders,charismatiques ».
Bref, mais est-ce vraiment une surprise, il existe un monde entre ce que l’école enseigne et la réalité concrète sur le sujet des valeurs, « républicaines » ou pas à l’intérieur même de l’école. Le double discours permanent (je fais ce que je ne dis pas / je ne fais pas ce que je dis) me semble totalement ravageur.
L’école n’y peut pas grand chose, nos enseignants déroulent leurs savoirs comportementaux mais pour quels résultats au final ? Des années d’enseignement moral et civique pour en fin du primaire penser le plus naturellement du monde que celui qui n’a pas un polo Lacoste ou ne poste pas des photos en jet-ski durant ses vacances n’est qu’une pauvre merde.
Je ne trouverai aucune réponse à toutes mes interrogations. Mais quel « armement » moral suis-je capable de donner à mon fils ?
Je ne vois rien d’autre qu’une loi du talion bricolée – « ne te laisse pas faire, on te tape réplique »
Fut-il écraser les autres de peur que les autres ne vous écrasent ?
J’ai toujours plaidé pour l’enseignement de la philosophie, du moins du questionnement philosophique, pour les jeunes enfants.
Au travers de leur travail, je pense que c’est un peu ce qu’ils font.Même si là encore, attendre des résultats est incantatoire si la philosophie n’est qu’une matière scolaire.
Qu’est que ce que se serait simple si l’école devait se contenter d’apprendre des tables de multiplication …
Toutes ces questions qui peuvent déboucher sur un harcèlement, une peur panique de l’école, un décrochage scolaire, même des cas plus graves encore, ou une simple baisse des résultats me semblent vraiment très importantes et dans le cadre du conseil de l’école j’essaierai d’aller le plus loin possible sur le sujet, d’abord en recueillant le sentiment de tout le monde.
Car comment enseigner le moindre savoir dans un tel contexte ? Je fais directement le lien avec le sujet débat du moment » comment choisir son collège » parce que ce sujet se retrouve partout, dans l’enseignement public comme privé, dans un établissement élitiste ou pas,