Un scandale de pots de vin pour des admissions achetées par de gros chèques dans les meilleures universités américaines
Le scandale des admissions truquées dans les meilleures universités californiennes fait la une des principaux titres de la presse US. Pour faire simple, un gros chèque vaut mieux qu’un mauvais dossier. Notes truquées, tests d’admissions passés bidonnés par des coachs grassement rémunérés, dossiers présentant des sportifs n’ayant jamais rien pratiqué sauf le trucage de photos, la liste est longue et suffit à faire tomber des têtes dans ce petit monde du conseil universitaire.
Premiers condamnés par ces articles : les riches !
Il est certain que pour verser quelques centaines de milliers de dollars en pot de vin pour l’avenir du petit dernier, il est préférable d’en avoir quelques uns. Et encore ça se discute, aller au delà de ce qu’on a pour l’avenir de ces enfants peut aussi se rencontrer…
Ici, il s’agira d’enfants de « stars » de la télévision ou de vedettes des réseaux sociaux et les sommes ne sont importantes qu’aux yeux de ceux qui ne joueront jamais dans la même division de la vie que ces gens-là. C’est naturel de s’offrir des maisons de plusieurs dizaines de millions de dollars mais dépenser « quelques » millions pour caser la progéniture dans une école serait incompréhensible.
Les méchants parents riches ont donc payé pour que leur enfant entre dans une université sans remplir le niveau d’exigence supposé. Pas bien. Mais bizarrement la légèreté des process de recrutement de ces universités américaines ne fait pas trop débat : on peut se faire passer pour un athlète de haut niveau en photoshopant une autre personne et le tour est joué. Léger pour une « bonne » école.
Je lisais il y a peu dans Le Monde une tribune demandant de relever les coefficients des notes de sport et de réserver dans les universités françaises une place pour les plus sportifs sur le modèle des universités américaines. Ce scandale nous rappelle qu’aucune procédure n’est exempte de faille.
Ce cas est bien sûr caricatural. Il va emmener plusieurs dizaines de personnes devant la justice. Il pose pourtant la vraie question de la sélection et de l’argent. Les concours auraient trop de travers. Les admissions sur dossier sont loin d’être plus transparentes et le besoin d’argent de toutes ces institutions scolaires tel qu’une petite entorse aux critères d’exigence est péché véniel.
Même si l’admission de ces étudiants pose problème, comment s’expliquer qu’il puissent suivre un cursus complet sans être inquiétés le moins du monde durant toutes les années qui suivent ? C’est tout la crédibilité de ces universités qui est en cause, et pas seulement un scandale de corruption. S’il fallait une seule raison d’attendre une réaction forte de leur part, c’est bien le risque de se poser plus de questions sur la qualité du système dans son ensemble qui peut coûter – dans tous les sens du terme – très cher.
Je me pose toute une série de questions philosophiques sur cette histoire : où commence la triche ?
Accepteriez-vous de payer un pot de vin pour que votre enfant ne fréquente pas un lycée poubelle gangrené par une violence quotidienne ? En ce qui me concerne la réponse serait clairement oui. Le système des options des langues rares permet dans notre cas français de faire ce choix sans une réponse aussi peu diplomatique.
Tout un système d’éducation est bâti sur la réputation.Qu’est-ce que simplement une « bonne » école et que sont les « meilleures écoles » ? Tous les classements possibles ont-il un sens sans préciser les indicateurs choisis ? Suivre des cours particuliers, des stages de pré-rentrée, s’inscrire sur un site de suivi scolaire est-il déjà la première étape dans un long processus qui nous amène au cas extrême de ces universités américaines ?
Comme souvent avec moi, les questions valent plus que les réponses.