Continuité Pédagogique en primaire, pouce !
J’ai toujours été obsédé par la réussite scolaire de mon fils.
Mais tout à un temps : prenons soin de nous. Nos enfants en primaire ont la chance de ne pas avoir à connaître le stress de concours ou d’examens décalés/annulés.
J’ai 55 ans. Il y a peu j’ai évité une embolie pulmonaire qui aurait pu m’emporter.
Mon fils a toujours présenté des problèmes allergiques et se remet de ce que nous appellerons une mauvaise grippe.
Nous vivons avec notre Baba de 85 ans à la maison qui ne sait se déplacer seule.
La femme que j’aime est à l’autre bout de l’Europe avec des frontières fermées.
Excusez-moi si l’énigme 7 de l’atelier 3 de la semaine 1 dont la correction se trouve sur un fichier doc illisible sur pas mal d’écrans ne m’intéresse plus guère. Les éditeurs ont mis gratuitement en ligne leurs ouvrages. Le CNED produit un excellent contenu. Nous ne manquons pas d’exercices magnifiques mais ils sont comme des astres morts sans la vie d’un enseignant qui les accompagne. J’ai consciencieusement fait faire tous les exercices demandés, publié des solutions, essayé de faire parvenir des fichiers d’exercices à qui ne savait pas y accéder. Ce soir j’arrête pourtant définitivement ce travail scolaire.
Je considère la continuité pédagogique comme un concept secondaire pour des élèves de primaire.
Je n’attends rien d’un ministre de l’éducation qui depuis le début de cette crise contredit le lendemain ses déclarations de la veille. Je reprends poliment le simple mot qui existe encore dans les cours de récréation : Pouce !
Pouce ! Jamais plus qu’aujourd’hui l’école n’a besoin d’être bienveillante.
Il est inutile de demander à nos enseignants qui sont aussi des parents d’abreuver les enfants de leçons et de s’inquiéter du sort de l’évaluation sur l’empire carolingien. Il est tout aussi important de rassurer tous les parents, et particulièrement ceux qui ont des difficultés et qui ne peuvent suivre ce parcours du combattant de leçons : leurs enfants ne seront pas oubliés, toute la solidarité nationale s’exprimera comme jamais auparavant pour accompagner qui doit l’être.
Un jour, quand cela sera possible, nous retrouverons notre institution scolaire.
Avec les classes les plus complètes, où ne manqueront je l’espère ni enseignants ni parents ni enfants.
Mais il est inutile d’espérer que nous parents faisions mal ce qui est fait dans nos classes : nous n’y arriverons jamais.
Une salle de classe peut devenir virtuelle, une cour de récréation plus difficilement.
Pour l’heure,le temps est à la discontinuité pédagogique.
Je considère qu’il n’y a ni parent ni enseignant. Il y a tous ceux qui font de l’instruction une valeur et qui ne veulent pas que les enfants s’abrutissent à longueur de journée. Nous allons faire au mieux au milieu des peurs. On peut toujours rattraper un retard scolaire, jamais remplacer un proche disparu.
Nous avons besoin de liens,pas seulement d’url.
Occuper des enfants en période de crise ce n’est pas regarder une vidéo sur France 4 sur la table de 7. Faire des exercices sur le web, utiliser une application bien conçue ? Certainement ! mais sans pression, sans impératif de plan de travail.
Occupons les à lire, à chanter, à danser, à faire des maths aussi, à écrire des textes, des poèmes, à jouer de la musique, à échanger avec de nouveaux amis …
Nos enseignants sauront être plus utiles en faisant le lien entre nous tous qu’à envoyer des corrections de devoirs sur des sites auxquels tant d’enfants n’auront jamais accès.La mobilisation culturelle de tous ne rendra pas nos enfants retardés.
monsieur le ministre, Pouce à votre continuité pédagogique !
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