Le Wall Street Journal a consacré cette semaine plusieurs articles de réflexion sur le rôle des parents dans l’orientation des enfants, sur le fait de choisir telle ou telle école. Le sujet est surtout lié à l’affaire du scandale des admissions truquées dans de grandes universités US mais on ressent la même préoccupation parentale dans la publication cette semaine des différents classements de lycées français.
Le premier de ces articles concerne le fait que si nous parents revivons notre propre parcours scolaire à travers nos enfants, il est dangereux de plaquer nos propres attentes sur le choix d’un établissement. Piqûre salutaire.Rédiger à sa place des lettres de motivation, des dossiers d’inscription, choisir le type d’établissement selon ses critères…
Faire fréquenter une école de top niveau à ses enfants est considéré comme le fait d’être un bon parent, et peu importe « le coup » que cela représente pour les enfants. Orgueil personnel, envie de réaliser ce qu’on a pas pu soi-même accomplir, envie de transmettre précisément ce qu’on a accompli. Une autre difficulté me semble aussi que l’école ou l’université que l’on a connue il y à 30 ans n’est plus la même.
Le second thème qui est un peu plus complexe mais en liaison étroite avec le thème ci-dessus : vaut-il vraiment la peine de fréquenter un de ces établissements élitistes si on vient d’un milieu social en non-adéquation sociale totale avec le milieu ambiant ?
L’écart de salaire, de réalisation sociale dans l’après université, est ainsi plus grand entre membres d’une même université prestigieuse qu’entre les top niveaux de toutes les universités. C’est la version sophistiquée d’être le meilleur de sa rue ou le moyen dans une grande ville. Nous inviter à prendre en compte ce qu’on FAIT dans une formation plutôt que ce que l’on EST en la suivant est une chose incontestable, encore faut-il ne pas encourager une résignation de fait en se mettant une sorte de plafond de verre sur la tête. Bizarrement, les meilleures formations scientifiques style Caltech ou le MIT étaient exemptées de ce biais « social ». J’aimerais bien le croire mais je ne suis pas certain que la seule focalisation sur les sciences « dures » suffise à éviter tous ces biais.
Résultat des courses : bien se renseigner sur ce qu’on fait véritablement dans une formation et pourquoi on la fait sans se mettre à la place de celui qui fait son propre chemin.